Un Monde en mutation : un maraîcher aussi doit s’ y adapter .

Bonjour ,

samedi fin d’après midi, trop fatigué pour continuer le travail à la production , je termine la journée au bureau , comme souvent je la commence . La bureaucratie … une plaie en France .

Chaque jour entre espoir et déconvenue .

Je le répète – ouais je vieillis , je fatigue et je radote  ! – la vente des fruits et légumes est en forte baisse depuis l’automne 2021.

Ce qui nous met aujourd’hui en situation très difficile .

On dit : le pouvoir d’achat est en baisse , le climat est déréglé .

Oh çà oui !

Mais si je vous disais que ce sont les produits les plus chers et issus de serre chauffée pour les quels la baisse des ventes est moindre ?!

C’est rageant non ?

D’année en année les légumes de saison, les meilleurs pour l’environnement , la santé , pour le porte monnaie se vendent de moins en moins .

Un truc de fou .

La règle des 80/20

80 % des ventes se font avec 20 % des articles .

Et parmi les 20 % des articles il y a les tomates , les aubergines, les concombres .

Ce qui est chauffé en début de saison .

Précision importante , quand je dis chauffé , c’est parce que planté en fin d’hiver . Pour éviter que les plantes ne gèlent il faut les maintenir entre 10 et 18 ° suivant les espèces . On maintient ces températures avec une chaudiere à condensation Basse Température , avec lavage des fumées .

On est loin de la serre chauffée avec des plantations en décembre !

Si on ne cultivait que les cultures qui se vendent le mieux , çà nous changerait complètement la vie !! Enfin un peu de temps libre et beaucoup moins de stress… une vie qui me fait rêver .

Oui mais … est ce que vous seriez encore avec un maraîcher qui ne vous proposerait que 15 articles sur l’année ?

Bon alors on fait quoi pour s’adapter … ?

Quand je regarde la liste de la 50aine de légumes et fruits , je me dis qu’il y a moyen de faire mieux .

Parmi la cinquantaine il y en a qui sont sont déclinés en plusieurs types et/ou variétés , ce qui complique beaucoup le travail et renchérit les coûts .

Allez , pour illustrer çà voici quelques exemples :

Les choux , on a déjà simplifié . Plus de brocoli, de romanesco, de Bruxelles .

Les haricots à rame en serre, les salsifis, les asperges , les pissenlits , les chicorées sauvages , les petits pois, les haricots à écosser … et d’autres que j’oublie . Terminé depuis longtemps .

Des légumes que certains aujourd’hui n’ont même jamais entendu parlés !

C’ était beaucoup de travail qui n’était pas valorisé .

Encore fallait t’ il que çà se demande un minimum , ce qui n’était pas le cas de la plupart des productions citées !

Tout change . Par forcement pour le meilleur .

Comme tout le monde, il faut qu’on s’adapte pour exister .

La vision bucolique du maraîcher avec sa fourche à la main dans son potager c’est un joli rêve .

Je disais donc , il faut s’adapter pour résister à la mutation de notre société .

On nous demandait du bon et du « bio » , aujourd’hui on nous demande du bon, du « bio » et du pas cher .

Alors que les charges et la bureaucratie ne cesse d’enfler , comment s’en sortir ?

Baisser nos coûts de revient sans changer radicalement de système est chose impossible .

Mais on devrait quand même pouvoir les contenir .

En essayant d’optimiser  .

Faire en sorte que chaque légume produit soit vendu .

Le plus important à réussir c’est ajuster les emblavements .

Adapter les quantités des productions à la baisse des ventes .

Travailler pour donner coûte cher , c’est la première chose à éviter .

Les plants , les nombreuses heures de travail , les matériels … tout est dépensé pour rien quand on donne .

Des petites simplifications prévues ou à prévoir .

Les radis raves noirs et blancs , trop souvent verreux , et quand ils sont nickels on ne les vend pas . Je n’en sèmerai pas je pense . Voilà des heures de gagnées .

Les betteraves crapaudines , les plus difficiles à réussir . D’ailleurs on ne les réussit que très rarement !!

J’ai dit à Julien qu’il pouvait s’abstenir de les semer pour qu’il ne perde pas de temps (qu’il n’ a pas non plus ) . Des heures de gagnées , des semences et l’usure de matériel en moins .

En culture de tomates …

C’est la 1ere culture par les ventes .

Celle qui mobilise le plus de temps et de moyen .

J’e vous surprendrais si je vous disais que certaines variétés parmi les nôtres demande au moins 2 x plus temps de travail que d’autres … ?

Les variétés plantées le 15 juin ont été revues pour écrêter ces écarts .

Les marmandes jaunes, noires et rouges ont été laissées de côté. Oubliées pour le moment .

On y passe un temps de dingue , pour des rendements faibles . En plus , très sensibles aux maladies ces types d’anciennes tomates .

Des heures de gagnées là encore .

J’imagine déjà que certains se disent qu’avec toutes ces heures de travail en moins , on va se la couler douce … hihi !

Euh non , même pas … mais si on pouvait revenir à 3000 h/travail par an çà serait déjà bien .

En fait il faut qu’on arrive à faire tout notre travail avec une personne en moins .

On a pas les moyens d’embaucher , et ce n’est pas seulement financier . C’est un autre problème .

Alors c’est dur en ce moment .

Et enfin, malgré l’intérêt disparu des consommateurs pour le futur de la planète , alors que la maison brûle ,

on continue notre transition écologique entamée depuis des années .

Aujourd’hui , avec notre Agroforesterie / Agriculture du Vivant , nous devrions être dans le neutre en terme d’émission Eq CO2.

On peut être stockeur net . Stocker plus de carbone qu’on en rejette est possible .

Planter 2 semaines plus tard les tomates et les concombres . Soit en mars .

Planter les aubergines 6 semaines plus tard . Soit en Avril .

Développer aussi les micropousses par exemple .

Avantage supplémentaire en repoussant les plantations , cela permettra de continuer à produire des fraises en avril-mai .

Il n’ y a pas que des mauvaises nouvelles !